Mignonne

Je l’appelais « mignonne » au Sourire délicat.

Elle avait toujours ce parfum sucré du matin, à l’allure faussement littérature.
Comme une adolescente, elle pouvait enjamber des murs entiers. Je scrutais d’un œil discret, tous les jours à la même heure, ses jambes infiniment longues, grandes, rosés et musclées.
Je me plaçais, là toujours à la même heure, derrière ce paravent feuillu. Le début de l’automne frissonnait, les feuilles se caressaient en tombant une à une sur un trottoir encore gelé d’une brillance amoureuse.
J’avais toujours l’œil en Haleine.  
Tisser ce lien après coup… Les mêmes matins où rien n’était fabriqué, sans jamais en perdre une seconde.

Quotidien en apnée.

Transparence, millions de choses déjà entendues ».
Ce matin, elle courait encore, toujours pressée.
Je me sentais, moi Maurice, comme un doux vivant devant l’éternel. Désir réciproque, costume 3 pièces sans limite, délimité au tour de l’horizon.
Les mots zigzaguaient, le regard n’avait plus de fond,
mes battements rythmaient, encore vers l’interdit, d’un ton inexact et maladroit.
Il était peut-être déjà trop tard d’être sorti déjà trop tôt.

par Virginie Paoli

Comedienne, Auteur