Les tremblements essentiels

(Pièce en cours de réécriture)

… Elle aimait trop le sexe masculin pour en user un autre. Oui l’usure, c’était bien l’usure dont je parlais, car elle usait les hommes jusqu’à la chair, rien de plus normal pour elle. Dans sa folie, des gestes extrêmes entrainaient souvent des violences, des cris, des déchirures, du plaisir, « la salope qui ne crache jamais sur la marchandise », voilà comment elle aimait parler d’elle.
Sa folie de bête sexuelle est devenue vitale. Elle entrainait tout sur son passage, même les pires gestes.
Les hommes à peine fréquentables, demeuraient toujours près d’elle comme des enfants incompris. Ils trouvaient un mal à plaisir à se venger sur elle comme une main volontaire du maître sur sa maîtresse. Les dix coups maitrisés donnaient à sa mémoire, l’unique place de la folie humaine.
Pour elle, sa vie avait la même coutume qu’une prostituée sans parole avec le champagne en plus. Pour moi ce goût amer dont je n’ose aujourd’hui prononcer, ni le goût, ni l’amertume, ni la colère, ni la tristesse…seul mon regard trouvait encore un certain niveau d’une amitié certaine.
Je lui passais tout. Ce qu’elle devenait. Ce qu’elle avait été et ce qu’elle ne voulait plus espérer. Sa folie, lui donnait une existence dans cette amplitude vitale. Elle recevait du dur, comme pour marquer près d’elle des périodes de sa vie importante.
Son mari actuel, lui connaissait ses défauts. Il aimait encore en silence, et se masturbait si souvent que Sofiane retrouvait des morceaux de Kleenex usagers.
Il ne faisait plus l’amour depuis au moins 5 ans.
A côté de moi le goût du sexe ressemblait à des petits pas délicats, romantique à souhait. Et je m’invitais si souvent à continuer à être ce que je suis aujourd’hui.
Sans doute dans cette tourmente accessible, je n’avais pas le choix. Rien ne me traversait.
Juste continuer.
Dans la tourmente, dans l’envie, je mêlais les jouissances.

« Un bon coup de champagne vaut mieux que dix coups de couteau » criait si souvent ma grand-mère. Mais jouir quand tu as peur de la mort…                                                                                                                                  

J’ai dit un jour que j’avais peur de mourir si naturellement que plusieurs personnes autour de moi pendant un dîner se sont mises à parler d’eux sans tabou. Comme si finalement, le pire les attendait, et les rassurait de savoir qu’ils n’étaient plus tout seul dans cette obsédante obsession.
J’y pense si souvent que je persuade mon amie Sofiane que cette finalité imposante, n’est pas digne d’être vivante.
Sofiane, elle, courtisait si souvent sa jouissance, que la mort devenait une vivante attitude.
Elle lui trouvait l’exigence d’une vraie femme. Les courbes, les lignes de sa poitrine vivante, les bulles arrondissaient l’inacceptable fin de vie.

– On s’imagine et on tremble de peur.
– A l’idée de mourir?
– oui
– C’est le silence absolu… La mort, elle claque, elle vous frappe derrière vous, sans prévenir.
– Juste au moment où vous, vous allumez la cigarette.
– Celle du condamné à mort?
– La dernière. La meilleure.
– Elle a un goût exquis pourtant
– Normal ma vielle c’est la dernière
– Tu l’as fume jusqu’au bout??
– Je veux…je m’en allume 3 dernières. Cette fumée incandescente n’a plus du tout la même couleur… son goût subtil, sa texture mouillée, son ego magnifique, celle d’être fumée toute seule une dernière fois.
– La sensualité entre deux doigts ma Sofiane…
– Hum, l’évidence de passer encore une fois entre tes jambes. Tu t’excites encore toute seule?
–  C’est normal, c’est la dernière fois
–  Tu es chou…
–  La mort on ne sait pas toujours ce qu’elle vous prend, mais on sait ce qu’elle vous laisse. Une désagréable disparition… Brutale pour respirer encore au même rythme.
–  Et une soudaine envie de vous raccrocher encore aux miraculeux expressifs, ceux qui vous regardent si souvent pour vous dire que la lueur dans leurs yeux s’alarment d’une éternelle étincelle qui scintille selon un rite bien vivant.

Je disais si souvent à Sofiane, que nous avions tant de chance de se toucher pour se saluer, de rire à la moindre nervosité, de râler quand rien n’y fait…et que pouvoir crier si fort que j’emmerde encore aujourd’hui mon ex belle-sœur
Cet espoir me raccroche aux ludiques princiers qui ne s’entourent eux que de maîtres penseurs.
Mon ex belle – sœur, elle, avait la science infuse. Elle savait tout sur tout. Une insolente. Une possessive. Une originale qui n’a jamais pris le temps de croire qu’elle l’était.
Son autorité sans confiance, son abus au pluriel, son obsession à raconter ses grandes études, qu’à force ses études elles-mêmes se sont désintéressées d’elle.
Une nerveuse pince sans rire, une comique ignorante, son allure délicatement fuyante, faussement littérature, pour dire tout bas ce qu’elle pensait tout haut, je ne te regarde pas me disait-elle, mais je sais que tu existes.
Quelle merveille…!!! Me dis-je.
Enfin elle m’adresse la parole.
Je me touche encore, toujours de la même manière pour me dire que l’apparence ne dégage jamais une totale vérité de la profondeur des êtres. Rempli de victuailles, un mélange de bons vivants…quelques défunts alignés, les salutations, les condoléances, les morts silencieux, les tombes ordonnées, toujours à la même place.
Le temps d’ajuster une belle recette.

Je déplace et j’arpente les obsessions…la mort, toujours la mort celle que je ne définis jamais comme une couleur apparente, celle que je ne définis jamais comme une structure apparente, celle qui me dépasse toujours d’au moins une tête.
Je voyais à distance les morts s’accumulaient…je les appelés en bon jargon « à nos chers disparus ». Les cercueils s’étiraient le plus souvent comme le bois souple que l’on étire pour travailler encore les différents nœuds des veines odorantes, une sève encore vivante. Le bois transpirait de son odeur de sapin de chêne, seul son caractère changeait.
Dans ce même cimetière, nous trouvions nos allers-retours un peu trop réguliers. Ce n’était pas une habitude, mais une force de la nature.
Je m’obligeais à retenir ma respiration et certains de mes abdos fortifiés.
Des occasions manquées.
Elvis mon voisin n’avait plus faim. Nous parlions, c’est vrai, si souvent « du Flunch » après chaque enterrement… un menu identifié à 11,90€.
Des sons d’après deuils : un son sourd rapporteur, explorant, négatif, filtrant de conneries, des vides mordus, des cocus, des poilus, des asticots tordus, des vides cheminée, des allumes cigarettes, des maîtresses chiens, des coursives bruyantes, des paroles sans filet, des mensonges amplifiées, du bavardage, du batifolage, des babioles, des trucs, machin qui a dit à truc, et qui ne se mélange pas à ce genre de déjeuner, parce qu’il doit garder une certaine distance.
Des points communs qui ne ressemblent à rien sauf à être commun à la ressemblance.
Je vide mes poches pour passer le temps au comptoir du café, des clefs de toutes sortes, toutes sortes de clef, celles que l’on appelle si simplement : « les véritables, les incroyables, les impressionnantes, les lourdes, les fines croyantes hargneuses, les impossibles, les longues sensuelles, les obtus, les clientes, les joueuses, les hasardeuses, et enfin celles que l’on ne trouve plus quand on est pressé d’ouvrir la porte, les désirés.

Comedienne, Auteur

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